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Défi des 1 000 bornes / 5 jours

18 septembre 2020

DEFI DES 1000 BORNES / 5 JOURS

Intro

Encore un parcours inédit cette année ! D'abord parce que j'embarque un nouveau compagnon de voyage, Mathew (qui m'avait accompagné pour le « 200 » de février dernier) et qui est à l’initiative du tracé de ces 3 premiers jours ; ensuite parce que dans « l’esprit », l’idée est juste de pédaler un maximum, d'enfiler les bornes, en laissant de côté le volet balade et touristique.

Le contexte est lui aussi particulier, en plein rebond de Covid et avec depuis ce jour, le masque obligatoire dans tous les lieux publics.

 

***

 

Jour 1 : lundi 20 juillet

Bordeaux - Saint Jean Pied de Port : 265 km

 

La veille, Émilie et Lou me déposaient en voiture à Rochefort, et je pris le train jusqu’à Bordeaux. Arrivé à l’appart à 22h00, mais quelques minutes auparavant, alors que j’étais arrêté à la supérette pour du pain, un gars un peu chelou me prend le chou en me demandant où je vais. En partant, il me rattrape en bagnole et me demande si j’ai besoin de lumières. Je lui réponds non, et je me pose la question d’aller faire un tour loin de chez moi si il continue à me suivre comme ça. Finalement, il me salue, accélère et disparaît à l’horizon...Le sommeil fut court car coucher à 1h00 du mat et lever à 05h15. N’ayant pas les sacoches avant cette année, j’ai tenté d’optimiser la place dans celles de derrière.

« De l’optimisation des sacoches »

J’ai déjà un nouveau sac de couchage compact et ai laissé ma polaire (pour la remplacer, j’ai dans l’optique d’acheter une doudoune qui a l’avantage d’être chaude et très peu encombrante une fois pliée). J’ai privilégié aussi des soquettes fines et basses (3 paires) plutôt que des chaussettes (1 paire). 2 caleçons, 1 seul cycliste, 1 damart manches longues, 1 damart collants, un gilet sport, 1 paire de gants, 1 tour de cou (qui fait aussi capuche).

J’ai le temps de faire couler un café avant de rejoindre Mathew devant chez lui à 6h00 pétantes. Direction Marcheprime, nous tentons de faire venir Yannick devant son pas de porte pour nous encourager, malheureusement il ne répondra pas à notre sms de 6h30...Nous prenons ensuite la direction Mios. Mathew commence à avoir des soucis techniques, je le rassure en lui disant que c’est un peu la tradition, les premières demi-journées de ces périples sont souvent sources de « calages ». Enfin rien de bien grave, seulement ses bananes qui tombent tout le temps par terre car mal fixées à l’avant de son vélo. Est-il en train de jouer à Mario Kart ? Au troisième gadin de la banane, il roule carrément dessus, et la laisse cette fois gésir lamentablement derrière lui...Son pneu est aussi bizarrement sous-gonflé, bon ça, ça a été vite réglé. Il n’aura pas non plus réussi à éviter des ronces, l’intérieur de son coude est couvert de griffures. Étrangement, cette matinée aura aussi connu beaucoup de pauses pipi (le stress?).

Le trajet est chiant, de grandes lignes droites avec pas mal de trafic, sans intérêt. Seul moment original, le passage devant un immense champ de myrtilles avant Parentis-en-Born où la cueillette est libre d’accès. On écoute Crowded House pour passer le temps. Notre première pause petit déjeuner a lieu donc à Parentis. La chaleur devient écrasante. Nous discutons avec un espagnol qui lui remonte vers Nantes. Il craint la fermeture de la frontière à cause du Covid. Nous récupérons la Vélodyssée peu de temps après, ouf, fini les bagnoles et les routes (pour le moment). C’est beaucoup plus cool maintenant, même si j’avais souvenir de pistes plus agréables à l’époque pour atteindre Mimizan. C’est vraiment à partir de là qu’elles deviennent top : très larges, en virages, au milieu des pins. Les cyclistes sont aussi plus nombreux, les cyclotouristes plus discrets. Il fait de plus en plus chaud, nous refaisons une longue pause à Mimizan Plage près du pont chenal. Pendant que nous mangions, un énorme clébard nous est tombé dessus, sautant d’une palissade derrière nous. Grosse frayeur !

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Entre Mimizan et Hossegoor, nous serons encore plus isolés car la piste ne croisera aucun autre village, à part la partie au niveau du lac de Léon et des campings sis en bord de pistes et Capbreton. C’est d’ailleurs devant l’un d’eux (Lou Pignada de Messanges) que nous pique-niquerons, l’envie de salé étant devenue trop pressante !

Forts de nos énergies renouvelées, au niveau de Ondres, nous atteignons le kilomètre symbolique du 200, et nous n'en sommes pas peu fiers... Nous filons en suivant plein sud vers Bayonne après avoir traversés les rues commerçantes cauchemardesques d'Hossegor. Il faudra donc attendre la sortie de Bayonne pour retrouver de la sérénité, car c’est toujours le même bordel la traversée de cette ville (cf. le fameux rail où Yan a failli y passer il y a quelques années…).

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Mathew nous a dégoté en effet une piste bucolique qui longe la Nive sur une trentaine de kilomètres, avec en fond les Pyrénées. Classe.Malheureusement, celle-ci s’arrêtant à Ustaritz, il nous a fallu reprendre la départementale jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, 40 bornes chiantes et interminables. Nous n’étions pas mécontents d’arriver au gîte de Patricia « La vie est belle ». Il est 19h50 et 266 km au compteur, une putain de journée. Après la douche et le repas pris avec 2 jeunes italiens, nous entamons la traditionnelle balade digestive autour du pont, et là, nous remarquons de nouvelles signalétiques notamment un « Eurovélo 3 », qui n’était pas là l’année précédente.

Dans le dortoir, nous sommes que 3, et cette nuit nous n’aurons pas été perturbés par aucun ronflement.

 

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Jour 2 : mardi 21 juillet

Saint Jean Pied de Port - Sauveterre en Béarn : 155 km

 

Lever 05h15. Nous faisons mieux que les pélerins ce coup-ci ! C’est tellement tôt que le petit déjeuner est déjà servi depuis la veille au soir dans un recoin du hall d’accueil, car personne n’est levé. Je rajoute trop de Chicorée à mon café hyophilisé, bah… Nous décollons vers Roncevaux. La frontière espagnole n’est qu’à 5 kilomètres, je n’avais pas réalisé. Je suis aussi impressionné par les gros complexes de « ventas ». Les 15 bornes de montée du col d'Ibaneta se font dans le calme, la route est peu fréquentée, tout comme le site de Roncevaux d'ailleurs, désert. Nous descendons dans la vallée d’Iraty pour reprendre ensuite plein est sur une départementale qui longera la frontière pendant une cinquantaine de kilomètres. C’est très chouette, légèrement vallonné. Nous prenons un verre dans un bar à Abaurrea : je demande un « orange » mais non c’est « naranja » qu'il fallait dire. De fait, c’est une espèce d’Orangina qu’on me sert, avec une discrète rondelle d’orange.

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Il est temps de repartir...et de rouler en musique en traversant de charmants villages (Ezcaroz, Ochagavia), avant d’attaquer la grosse difficulté du parcours qui nous fera repasser en France : l’ascension du Port de Larrau. Le soleil tape dur. Mathew me distance rapidement, je ne pourrai pas garder sa roue, je double le volume de ma trousse pour me motiver ! Malheureusement, une violente fringale me tombe dessus au kilomètre 7. J’ai eu beau manger deux barres de céréales, le mal était fait, j’explose en plein vol, me délite, me décompose, mes muscles explosent et s’échappent de mon corps. Je mets finalement pied à terre, et m’effondre dans un coin herboré à l’ombre. Je finis ma bouffe en quelques minutes (gâteaux au chocolat, tuiles salées, fromage) mais je n’ai plus d’eau. Devant moi, un employé d’un modeste complexe (électrique?) me voit et me salue ; je le lui renvoie en lui criant « Agua ?! ». Il me fait signe que non de la main, mais retourne dans son local, en ressort avec une bouteille de 50 cl qu’il vient me donner en mains propres. Le Messie, Aleluïa !

Mathew me rejoint, mort de rire, se doutant de la cause de mon absence. Il m'informe qu’il y a un bar qui n’attend que nous à...200 mètres de là ! Effectivement, il y a là haut un gîte avec bar intégré. On a pu bien récupérer au frais (enfin surtout moi), nous pouvons entamer les 4 derniers kilomètres d’ascension. On n’est pas déçu : malgré la chaleur de plomb, les paysages sont grandioses, tant du côté espagnol que du côté français. Il est 15h00 près de 100 kilomètres au compteur.

Après une longue et magnifique descente vers Arrau qui nous fera passer près de grottes de Kaketchua, nous quittons inexorablement les Pyrénées. Nous prenons le déjeuner à Tardets, près d’un pont franchissant la rivière. C’est là que nous avions dormi en camping car avec Émilie il y a quelques années…

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Il reste 50 kilomètres, c'est que du plat maintenant c’est moins sexy évidemment, et qui nous amènent dans le Béarn, plus précisément à Sauveterre en Béarn.

Le camping est sympa, devant la Nive, on plante notre tente au fond du site, devant les biquettes...Mathew tente en vain de faire rentrer son vélo dans sa tente une place, je suis mort de rire, ça me rappelle une image de Lucky Luke où ce dernier partage son lit avec Jolly Jumper. Repas au snack car tout est fermé en ville. La courte balade digestive nous le confirmera, c’est dommage le centre est chouette (tour, église, « pont de légende »,…). Ce putain de Covid donne à chaque bled traversé depuis hier une impression sinistre (commerces fermées, centres vidés…).

 

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Jour 3 : mercredi 22 juillet

Sauveterre en Béarn – Bordeaux : 240 km

 

Nous nous levons à 05h30 et quittons Sauveterre une heure plus tard. Le trajet est très agréable, enfin de petites vicinales tranquilles, légèrement vallonnées. Sympa ce Béarn. Breakfast bien mérité à Peyrohrade. Se tient le marché de la ville, immense. Le masque est obligatoire évidemment.

Il est ensuite temps pour nous de nous confronter aux vraies routes landaises, les longues, interminables routes landaises, entourées de forêts infinies de pins maritimes...Nous notons d’ailleurs précisément l’entrée dans la forêt de pins, les chênes étant subitement remplacés par le premiers.

Nous ferons notre pause repas à X, devant le lavoir du village. Mathew et moi discuterons et débattrons sur le végétarisme, le véganisme, la folle industrie laitière et bovine, etc. Du coup, en partant, je me suis rendu compte que j’avais oublié mon t-shirt HAL, que j’avais fini de faire sécher sur un des pans du lavoir. Me voilà avec 4 bornes de plus dans les gambettes.

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S’ensuivront 3 heures de haute lutte, sans ombre, sans horizon, où la chaleur écrasante fait onduler le bitume. J’avais une folle envie d’écouter « Diesel and Dust » de Midnight Oil, mais la trousse a lâché. Dommage. On se croirait dans le Outback australien là, c’est suffocant, mais il n’y a qu’en avançant que l’on arrive à sentir une légère brise sur le visage. On n'est pas loin d’un trip extrême parce qu’on roule mine de rien à bonne allure. L’immersion est totale, et je conseille à Mat de lire « Cul de Sac » de Douglas Kennedy. Sur une route DFCI un peu défoncée, au pied d’un pin, à l’écart, je laisserai un mémorable héritage fécal. On s'est promis de revenir dans 20 ans voir si l'arbre a poussé plus que les autres à cet endroit.

Nous quittons les segments démoniaques DFCI pour récupérer une départementale qui longe sur une dizaine de kilomètres l'autoroute A63, le bruit des bagnoles et des camions nous fracassent les oreilles, ça commence à faire beaucoup cumulé à la cana...Nous passerons ensuite par Solférino, toujours aussi étrange bourg (confirmé par Mathew) avec son architecture en miroir et son église isolée et son atmosphère stephenkingienne. Finalement nous récupérons une portion de la piste cyclable Bazas - Mios, moitié bitumée moitié gravel, pour le plus grand plaisir de Mathew. L’appel de la pizza aura lieu à X, un camion salutaire au milieu de la place du village où tout est fermé. Il était temps, je commençais à avoir des hallucinations : Mathew à terre, exténué, par exemple...

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Il est pas loin de 20h00 il nous reste encore 2 heures à rouler mais le soleil a baissé d’intensité et la nouvelle piste prise Hostens - La Brède offrira de belles portions ombragées...Après Léognan et le passage devant Smith Haut Lafitte, nous conclurons tranquillement dans les rues désertes mais encores moites de Bordeaux Métropole jusqu’à notre point d’arrivée. Une bière chez Mat pour fêter ces 655 kilomètres et je rentre pour préparer les jours suivants car une idée de génie est survenue à mon esprit tordu.

Je fis une rapide lessive et me délestai des quelques affaires qui ne m’avaient pas servi (pantalon jogging, 2 caleçons, ma polaire) car je devais y rajouter le tapis de sol d’Émilie. J’ai prévu d’acheter sur le chemin une doudoune. Je télécharge Strava pour voir le parcours proposé, puis je check l’horaire du bac Lamarque – Blaye qui me fera traverser l’estuaire. 11h. Cool je peux mettre mon réveil à 9h.

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 ***

 

Jour 4 : jeudi 23 juillet

Bordeaux – Capdeuil : 150 km

 

Me voilà à nouveau reparti, cette fois en solo, ça aussi ça faisait bien longtemps, même si ce n’est que pour 2 ou 3 jours. J’ai prévu mon arrivée à Saint Nazaire samedi midi, mais j’espère secrètement atteindre les 1 000 kilomètres symboliques d’ici demain soir. Le trajet Mérignac – Lamarque me fait passer par les vignes, dès la sortie de Blanquefort je suis en campagne. À l’embarcadère, je constate une concentration impressionnante de cyclotouristes (tiens, je crois que je vais changer ce terme désormais en « cyclorandonneurs »), dont une famille de 6 personnes (papa, maman, les 3 enfants méga-équipés-en-sacoches-Ortlieb-juniors, et il m’a semblé voir la grand-mère !). Après une brève traversée, je m’offre un parfait petit déjeuner à Blaye (vraiment, celui-là était particulièrement parfait : jus d’orange et viennoiseries maisons, et la carafe d’eau chaude pour diluer encore davantage mon café déjà très allongé…). Une fois le tout avalé, c’est parti vers l’inconnu !

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La chaleur tape sur ce secteur vallonné qui longe l’estuaire, et un vent d’ouest commence à se lever qui va rapidement me taper sur le système. Je lance la trousse pour me donner du peps (playlist « summer »). Le panneau Vendée et Haute-Saintonge s’enchaînent. Entre Saint-Bonnet et Saint -Ciers-sur-Gironde, une vicinale part à gauche : je stoppe un local dans sa voiture qui m’explique que là-bas pas loin, plein ouest, il y a un chemin praticable qui longe l’estuaire jusqu’à Royan. Cool. Cap à babord. Le vent me gifle et ça file tout droit en suivant un étroit canal jusqu’aux abords de la Garonne. Le paysage est sauvage, les hautes herbes murmurent, il n’y a plus qu’à emprunter le sentier. En vérité, il se termine rapidement pour laisser place à nouveau à une longue vicinale. Je remplis mes gourdes dans une ferme un peu paumée, où 2 femmes sont en train d’étendre du linge. Je les remercie mais constate que la couleur de l’eau n’est pas très...claire. Hum, dans le doute, je décide de ne pas boire et d’attendre le bar du prochain bled. Bled qui viendra longtemps après : Port-Maubert, mais qui en vaut la chandelle. Un petit port improbable, je reste scotché. Courte pause, et je reprends mon voyage sous un ciel voilé, le soleil se cache derrière une masse d’étranges nuages en Mortagne-sur-Gironde, tout aussi sympa.

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Je déjeunerai ici, il me faut juste monter au bourg pour choper la supérette : une sacrée montée mes aïeux, ce sera la plus difficile du parcours. Là-haut, la vue est superbe sur l’estuaire. Je ripaille au port, en bas, et j’y reste quasiment une heure. 15H00, je remonte sur la selle sous la cana pour une bonne heure : c’est enfin le moment d’écouter « Diesel and Dust », c’est bon ! Je retrouve enfin la voie verte qui mène d’abord jusqu’à Talmont puis vers Meschers-sur-Gironde par une côte très sauvage (?). C’est à Meschers que je m’achète la doudoune tant recherchée, dans un bazar spécialisé pêche et nautisme. La vendeuse me donnera les coordonnées de mon camping, sis à 30 kilomètres de là.

La piste suit toujours un sentier sympa, avec vue sur falaises et grottes à proximité. Par contre arrivé aux abord de Royan, ça s’anime : les touristes, piétons et vélos sont de sortie, les plages sont remplies. Je roule tranquille en esquivant tout ce monde et quitte l’estuaire définitivement. Et là, en plein centre-ville de Royan, c’est le drame : sur une descente de trottoir un peu haute, ma sacoche arrière se décroche du porte bagage. Le bas du sac accroche les rayons deux trois secondes, mais le mal est fait : le tissu est arraché, je me retrouve avec un trou au fond. Fuck, bordel de fuck ! Ch’uis dég. Je torche les 20 dernières bornes à fond les ballons plein nord en direction de Rochefort, de toute façon ici même, ici bas, tout est dénué d’intérêt.

Mon camping « Mina » se trouve en bord de la départementale, à Capdeuil. Il est 20h00, pas mécontent d’arriver après 150 bornes. Montage de tente tranquille. Je suis obligé de me doucher dans le bloc handicapés (chelou, tu sais pas comment tourner le pommeau de douche car tout est dans la même pièce : à ta droite, un lavabo, à ta gauche, les toilettes) et obligé de manger pendant un set dj quiz musical chansons kitchou et variétoche (Jeanne Mas, Macarena, j’en passe et des moins meilleurs). Le cauchemar. Bon je vais me coucher je me lève demain à 6h00. Je m’écoute un podcast sur HP Lovecraft qui me plonge dans les bras de Morphée et du Ctulu.

 

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Jour 5 : vendredi 24 juillet

Capdeuil – Saint Père en Retz : 240 km

 

Hop, hop, ma tente est repliée en moins de deux, et avant 7h00, je reprends ma départementale pourrie, mais elle est déjà fréquentée. Des lignes droites interminable en faux plats descendants et montants. Je me tape même un bout de 4 voies (heureusement limité à 90 km/h). Les abords de Rochefort ne sont pas fun : je demande mon chemin à une passante qui me dit que le pont transbordeur n’est pas en fonctionnement, je n’ai pas le choix que de me taper le pont principal. Ouaip mais ce pont il me dit rien qui vaille, il l’a pas l’air très sécure . En plus faut se taper 300 mètres de 4-voies à 110 km/h juste avant. Donc au rond-point d’entrée, j’essaie de choper un camion avec carriole ou benne qui me fera traverser. J’attends bien 20 minutes, tiens, y en a un qui ralentit. Le gars me dit qu’il a pas de place mais que je peux rouler « sans crainte sur ce pont, il y a une voie cyclable sur le côté, padipoblèm, y a des centaines de vélos qui le prennent »… Ouaip, ouaip, c’est ça. Je m’auto-persuade que le gars connaît bien le secteur à vélo (ah ah ah c'te blague), je prends mon courage à deux mains et je fonce dans le tas. 5 minutes plus tard, à 100 mètres de la première sortie après le pont Rochefort centre, je suis sain et sauf, m’enfin ça a été tout sauf zen cette traversée. Je suis de retour à Rochefort 4 jours après.

Je traverse la ville au pas de course pour enfin tomber sur des routes de campagne. De beaux tournesols égaient ma matinée, il était temps de passer au bucolique. Il est midi passé. J’arrive à X où je petit déjeune. Là, je tombe sur le bar PMU le Sulky. Je suis fasciné par le contraste entre le nom du bar et sa clientèle, et le look du patron (surfeur) et la zique qu’il balance par son enceinte extérieur (Coldplay, Red Hot…). Je kiffe comme il se doit mon café-viennoiseries.

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Le vent de face ne s’est pas calmé par contre, mais c’est pas grave : pour fêter ça, je me lance « X & Y » (Coldplay). Merci patron. Je me paume un peu pour retrouver Esnandes et la côte, ça rallonge aussi un chouïa le parcours, mais ça vaut le coup pour le panorama…

Je tombe aussi sur une portion de piste « La Vendée à vélo » mais la laisse rapidement partir à l’est, moi je monte. Comme hier soir et ce matin, cette portion est chiante et fréquentée, heureusement que je suis là QUE pour engloutir les kilomètres, pas de frustration du coup de louper un joli truc…

Le paysage va finalement redevenir un peu plus excitant et bucolique passé Talmont Saint Hilaire. Ça sonne plus campagne traditionnelle avec passages ombragés en forêts, routes tortueuses et villages sympatoches (Apremont et son château). Je suis à 950 km au compteur, il est 16h30, je m’arrête à X (le Tour y est passé en 2018) devant un espace commercial avec supérette et bar. Dans le premier, j’achète des bonnes galettes pur beurre que je dévore en même temps qu’une salade de fruits en boîte. La chaleur est toujours aussi intense, mais je repars bien requinqué pour la « dernière ligne droite », soit Challans. Je lance le dernier Philippe Katherine « Confessions », tiens donc, un Vendéen comme par hasard.

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Le voyage reste agréable à part les 5 dernières bornes sur du gravillon. Il est maintenant 19h30 et j’arrive pour la première fois depuis Rochefort dans une « grande » ville. Je suis censé trouver un camping pour cette nuit. Il est au nord de la ville. En même temps que je roule pour m’y rendre, je regarde à combien je suis de Saint-Brévin où Émilie est censée venir me chercher demain. 60 km. Hum, je me dis finalement que je pourrai tirer jusqu’à Saint-Père-en-Retz (50 km) si elle venait me chercher là-bas. Je suis devant le camping (style « western ») quand elle me rappelle pour me dire que c’est bon elle sera au rendez-vous. Hi ha !

J’ai plus de 2 heures de lumière devant moi, ça devrait le faire. Le 1 000è kilomètre est avalé près d’un bar en bord de route à la sortie de Challans. J’y achète un sandwich fromage, tape la discute avec le patron et un de ses habitués qui me dit que Thomas Voeckler a l’habitude de pédaler dans le coin et que j’ai intérêt à prendre la direction des marais salants. Ce sera chose faite. Le passage dans la réserve par le Bois de Cené et Boin est géniale en ce milieu de soirée : route déserte, soleil couchant, paysages zen, oiseaux et échassiers en pagaille, vent tombant...J’ai bien fait de continuer. Il me faut néanmoins rejoindre à un moment la grosse départementale vers Saint-Nazaire, là ce fut le stress car l’obscurité arrive à grand pas.

Je la quitte à hauteur de Bernerie-en-Retz, où Maps m’indique 15 kilomètres avant l’arrivée. Il n’y a plus que des vicinales de campagne, sans personne dessus. La nuit tombe, il fait presque frais, je fais péter le t-shirt, et comme il y a 2 ans avec Mathieu au dernier jour de la Route Napoléon, entre Gardanne et Aix, je lance du Radiohead sur ma trousse et me dandine torse poil. Il est un peu plus de 22h00 et la nuit est tombée définitivement quand j’arrive à l’Église de Saint-Père-en-Retz. Émilie m’attend, il est temps de rentrer au bercail.

Je regarde une dernière fois mon compteur : il est revenu à 0 depuis 40 kilomètres.

 

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